Ce que je veux présenter ici est fait avec un K-1, à adapter pour d'autres appareils. Je le fais parce que jusqu'ici, je n'ai rien vu sur le forum à ce sujet, mais si c'est déjà traité, il suffira de supprimer ce fil.

Appareils : tous ceux qui sont équipés d'un intervallomètre avec mode multi-exposition afin de sortir un raw ou un jpeg tout prêt directement depuis le boîtier, pour les flemmards.
Cette technique reste utilisable avec tout appareil équipé d'un intervallomètre (interne ou externe) non combinable avec la multi-exposition, mais il faut alors -évidemment- enregistrer toutes les photos individuelles et les charger dans un logiciel gérant les calques (photoshop par ex) et fusionner le tout en mode "moyenne".


Principe : générer une photo ayant l'aspect d'une pose longue, voire très longue, sans l'usage d'un filtre.
Utilisation : filer des mouvements très lents, quand de vraies poses longues nécessitent un filtre d'une opacité démesurée. Dans les exemples ci-dessous, avec cette luminosité, un filtre ND1000 donne un temps de pose de 10 à 30s selon l'ouverture (raisonnable) de l'objectif.
Les photos ci-après sont prises sur 5 min, mais il n'y a virtuellement de limites que celles de la batterie et de la patience du photographe.

Cette méthode ne convient pas bien pour remplacer un filtre pour les poses de quelques secondes utilisées normalement pour filer les mouvements rapides comme l'eau. On peut simuler une pose de quelques minutes aussi, mais sur un mouvement rapide c'est moins intéressant, et il faut qu'il soit plus ou moins cyclique. (cours d'eau, vagues, cascade, arbres au vent...) Un filtre gris faible mais suffisant pour ralentir chaque photo à 1/10s par exemple sera un plus pour le rendu final. L'idée est que le mouvement soit déjà un peu flou sur les photos de base, pour les objets rapides.
On peut cependant effectuer un filé d'une cascade et des nuages sur une même photo.

Mode d'emploi :
Mettre l'appareil sur trépied, déterminer tous les paramètres d'exposition de mise au point et le cadrage.
Je place ensuite l'appareil en mode manuel, comme la mise au point, je n'ai pas testé autrement à vrai dire, en mode Av par exemple. J'ai voulu garder une constance de réglage même en cas de variation d'expo. En effet de l'ombre qui apparaît sur le sol peut provoquer un cramage dans le ciel si le trio ouverture/vitesse/iso change en cours de route.
Pour l'AF on peut le figer à la première prise, MENU C/2/14 sur 1 pour le K-1.

Appuyer sur le bouton de choix de mode prise de vue, situé au dessus du bouton OK.



Choisir l'intervallomètre avec multi-exposition.



Régler les paramètres :
-Intervalle : le temps entre deux photos. J'imagine qu'il se règle à l'expérience et je n'ai pas fait beaucoup d'essais, mais il doit être rapide par rapport au mouvement à filer sur la photo.
Si cet intervalle est trop lent, l'objet à filer risque d'apparaître en "pointillé".

-Nombre de prises : plus ce nombre est important, plus l'effet aura de chances de paraître fluide, en accord avec l'intervalle. Les deux paramètres combinés donnent la durée de prise de vue, ici 100x3=300s soit 5 minutes. Peut-être que sur mes exemples, 50x6s auraient suffi. Je manque d'expérience pour le dire.

-Démarrer intervalle : on peut choisir le démarrage immédiat. Le démarrage 2s va remonter le miroir pour la 1ère photo mais pas pour les suivantes.

-Mode composition : choisir "Moyenne". L'appareil fera la moyenne de toutes les photos, pixel par pixel.

-Sauvegarde : si coché, toutes les photos moyennes intermédiaires seront stockées sur la carte. Si non coché, seul le résultat final le sera.


Stab ou pas stab ?
Quand l'appareil est sur trépied, on déconseille d'utiliser la stab. Ici, mes tests semblent démontrer le contraire. Les vibrations du miroir à chaque prise dégradent le piqué. La stab permet de combattre ce phénomène et donne un meilleur résultat.
Si comme moi vous avez paramétré l'activation stab automatique, faites attention car le mode retardateur (cf ci-dessus) va couper la stab. MENU C/3/21 sur le K-1.

Avantages et inconvénient :
Avantages :
-Il est facile et peu coûteux en temps de régler son expo aux petits oignons, puisqu'on peut faire des photos brèves ordinaires, regarder l'histogramme, sans dévisser/revisser un filtre, et sans avoir de calcul à faire pour le temps de pose final. C'est le même trio ouverture/vitesse/iso pour une pose de 1 min que pour une pose de 60 min !
-Atteindre des temps de pose qui nécessiteraient un ND 10000 ou 100000 même, ce qui permet par exemple de filer des nuages avec peu de vent ou sur des distances très longues.
-Pas de temps d'attente du au travail du capteur pour réduction de bruit en pose longue. 25 min de pose, c'est 25 min d'attente, pas 50.
-Peut s'utiliser avec un objectif qui ne prend pas les filtres. (Pentax 15-30 par ex) Ou avec lequel on n'a pas fait cet achat, ni de bagues pour adapter son gros filtre diamètre 95 destiné à l'ultra grand angle sur un objectif plus petit. Il faudrait en outre empiler plusieurs filtres.
-Évite la chauffe du capteur, car il fonctionne sur des durées très brèves, celles d'une photo normale.

Inconvénients :
-Pour une photo, la mécanique, miroir et obtu, prend facilement 100 clics. Pas le compteur des noms de fichiers, qui considère qu'on n'a fait qu'une photo, c'est le shuttercounter qui prend une claque.
-Il faut trouver un sujet qui se prête à une pose très longue / filé de nuages. Sinon aucun intérêt !

Quelques exemples, pris sur 5 min à chaque fois, elles ne sont pas extraordinaires, c'est juste pour les tests.


Au Voigtländer 58.


Au Pentax FA 35.
Ci dessous, la même en prise classique.


Le même traitement a été appliqué aux deux photos, mais la première est moins lumineuse, c'est du au fait que chaque parcelle de terrain a été couverte par les nuages à un moment ou un autre pendant les 5 minutes.
Les ombres sont donc aussi plus diffuses. Les hautes lumières sont cependant totalement préservées, il reste possible d'éclaircir le sol, ou de faire un mélange des deux photos, le ciel en pose longue avec le sol en pose rapide pour son jeu d'ombres et de lumières.

Je compte sur vous pour trouver des améliorations à la technique, et surtout pour nous proposer des photos qui déchirent ! Au boulot ! 

Merci de nous faire partager cette astuce intéressante à laquelle on ne pense pas forcément.
Ça permet également de ne pas avoir de dérive colorimétrique.
Pour les appareils non équipés on peut utiliser PS pour réaliser le même effet : Faire une pose longue sans filtre ND en utilisant Photoshop

Conserver une des photos pour fusionner avec le résultat afin de supprimer d'éventuels flous sur les arbres ou les feuillages qui peuvent apparaître.

Très intéressant ! C'est fou tout ce qu'on peut faire avec nos machines et de la créativité ....
Merci pour le partage 

Citation de: MouLaG Ôfr le 17 Sep 17 à 10:03
Très intéressant ! C'est fou tout ce qu'on peut faire avec nos machines et de la créativité ....
Merci pour le partage 

+1

Merci Kadix pour ce tutoriel, je n'y avais jamais pensé 

Citation de: dardi le 16 Sep 17 à 21:15
Pour les appareils non équipés on peut utiliser PS pour réaliser le même effet : Faire une pose longue sans filtre ND en utilisant Photoshop

Conserver une des photos pour fusionner avec le résultat afin de supprimer d'éventuels flous sur les arbres ou les feuillages qui peuvent apparaître.

Oui, précisons aussi qu'en plus du boulot que cela représente, il faut un PC assez performant pour traiter plusieurs dizaines ou une centaine de calques, quand chacun représente un raw gavé de mégapixels.
Néanmoins le traitement externe permet de moduler par exemple l'exposition de chaque calque indépendamment, si jamais cela peut s'avérer utile par rapport au raw unique fourni par l'appareil.

Pour fusionner ce qui ne bouge pas, comme on travaille sur trépied, on peut même envisager de prendre cette photo unique en mode Pixel Shift.

Attention cependant à éviter les incohérences dans les ombres si celles-ci sont changeantes dans le temps, ce qui est souvent le cas avec des nuages dans le ciel.

Citation de: Dan2 le 17 Sep 17 à 11:28
Merci Kadix pour ce tutoriel, je n'y avais jamais pensé 

De rien, il y a encore des trucs dont je ne connais pas encore les possibilités, sur cet appareil. Y'a du boulot !

Citation de: Kadix Le Gaulois le 17 Sep 17 à 11:37
Oui, précisons aussi qu'en plus du boulot que cela représente, il faut un PC assez performant pour traiter plusieurs dizaines ou une centaine de calques, quand chacun représente un raw gavé de mégapixels.
Néanmoins le traitement externe permet de moduler par exemple l'exposition de chaque calque indépendamment, si jamais cela peut s'avérer utile par rapport au raw unique fourni par l'appareil.

J'ai fait un test avec une dizaine de photos et ça va assez vite. C'était une petite rivière et ça n'a pas eu beaucoup d'impact
Ca permet d'ajuster les raw avant traitement si besoin et de corriger les flous indésirables comme les feuillages ou des personnes.
Comme exemple, une personne nette devant une cascade ou la mer.

Comme dit MouLaG, il faut de la créativité  .

Merci pour ce post.

J'avais déjà lu (je ne sais plus où) un article à propos de cette technique mais je n'ai jamais pensé à l'utiliser.

Et peut-on marier ceci et filtres ND?
Par exemple, si on a un "petit' filtre de 2 ou 3 stop, cela permet déjà de rallonger un peu les temps d'exposition.
A essayer.

Oui c'est faisable je pense. (mais pas testé)
C'est ce que je voulais dire ci-dessus par : " Un filtre gris faible mais suffisant pour ralentir chaque photo à 1/10s par exemple sera un plus pour le rendu final."

Il faut que cela reste compatible avec l'intervallomètre, et pas trop long pour ne pas surchauffer le capteur, qui pourrait risquer à la longue de générer du bruit.

Merci Kadix, je vais essayer ça.

Punaise @Kadix c'est une super astuce ça et ça me donne des idées liée à une autre pratique un peu compliquée à mettre en oeuvre parfois mais qui du coup peut se simplifier : c'est le focus stacking qui consiste à prendre plusieurs photos successivement du même cadre/contenu mais avec des ouvertures différentes.

L'idée a laquelle je pense serait de reprendre la technique dont tu parles mais en mode Tv et entre chaque photo de changer l'ouverture. Avec un peu de précision et les anciens objectifs avec bague d'ouverture ça doit être possible !!

Pour le focus stacking, il faut modifier la mise au point ou bouger l'appareil en gardant la même ouverture pour déplacer la Map sur la totalité du sujet.

Et puis surtout, comme les boîtiers Pentax n'ont pas de fonction de fusion en mode focus stacking, il faut passer par un traitement externe, et bien sûr, garder toutes les images sur la carte mémoire. L'inconvénient de l'intervallomètre est que tu auras un temps limité pour changer ton ouverture entre deux prises, et plus tu le règles long pour avoir ce temps, plus tu risques un mouvement du sujet s'il est vivant.